Portraits

Visa culturel au Japon : quelle réalité ?

Il y a quelques semaines je vous avais proposé un article sur le visa culturel au Japon : ce visa qui permet de se former durant quelques mois dans le domaine de l’art, de l’artisanat ou du sport notamment.

Pour sortir un peu de la théorie et avoir un retour d’expérience sur le visa culturel au Japon dans la réalité, j’ai invité Jérémy, charpentier, à nous raconter son parcours dans ce cadre. Jérémy a bénéficié d’un visa culturel au Japon d’une année entre 2019 et 2020. Un grand merci à lui pour ce partage !

La réalité du visa culturel au Japon : portrait de Jérémy, 37 ans, charpentier

Jérémy a 37 ans et a bénéficié d’un visa culturel au Japon d’une année en 2019 – 2020. Il est aujourd’hui charpentier, constructeur de maisons et de structures en bois. Il a suivi une formation en architecture et est titulaire d’un CAP en charpenterie, avec une spécialisation dans l’éco construction et la construction en paille. Il développe actuellement une réflexion sur la réalisation de tiny houses qui s’inspirent de designs japonais observés lors de ses déplacements dans l’archipel. « Je teste en ce moment des prototypes de structures légères mais plus solides, alliant peuplier et cèdre, déplaçables, avec des parties pliables, qui aient le moins d’empreinte carbone possible, dans un souci de minimalisme écologique » indique -t’il. Un projet qui devrait aboutir en 2023.

Jérémy s’est rendu plusieurs fois au Japon en tant que touriste d’abord. En 2015, il découvre avec bonheur les sanctuaires d’Ise – (伊勢神宮, Ise-jingū) – considérés comme le lieu le plus sacré au Japon de la religion shinto. Situés dans la préfecture de Mie, la centaine de temples que compte le site est reconstruite à l’identique tous les vingt ans. Jérémy retourne au Japon en 2017 et a la chance de rencontrer des artisans – notamment Kobayashi Kenkou – qui lui donnent l’occasion de participer à des travaux de charpenterie. Nait peu à peu l’envie de se rendre plus longuement sur place pour se former à la taille d’assemblage de charpente et aux outils et méthodes d’affutage, et éventuellement rester vivre sur place.

temple ise jungu je déménage au Japon
Jérémy se rend en 2015 au sanctuaire d’Ise. Ici le Tsukiyomi no miya.

Il commence à apprendre le japonais en 2018 dans cette optique sur des applications, avec un prof particulier et des cours collectifs.

Un visa culturel pour construire un temple

En mars 2019 Jérémy repart au Japon avec un visa de tourisme et entreprend un road trip dans tout l’archipel avec une mobylette prêtée sur place ! Objectif : trouver un travail ! Il va découvrir au fil des 3 000 km parcourus le pays et ses habitants, mais aussi rencontrer quelques artisans par le biais du bouche à oreille, à Okayama, à Nagano où il assiste à un concours de rabotage qui vise la création du copeau le plus fin, puis finalement dans la préfecture de Miyagi. « Bénéficier d’un visa de travail a été plus compliqué que prévu car un diplôme universitaire est exigé bien souvent » précise-t-il.

Jérémy sur sa Honda Super Cub 50cc en mode roadtrip de 3 000 km dans l’archipel…

Finalement on lui propose un visa culturel avec à la clé le projet de construction d’un temple, le rêve ! L’entrepreneur qui lui propose de l’accueillir pose les conditions suivantes : un an de visa renouvelable, 100 000 yens mensuels de « bourse d’études » ainsi qu’un hébergement spartiate dans un des ateliers de l’entreprise. « Trouver un visa culturel depuis la France semble compliqué si on n’a pas au moins accès à des réseaux de type compagnonnage pour l’artisanat en tous cas ».

Bénéficier d’un visa de travail a été plus compliqué que prévu car un diplôme universitaire est exigé bien souvent 

Jérémy rentre en France le temps d’obtenir son visa culturel qui lui est accordé un mois et demi plus tard. Il fournit une lettre de motivation, des photos ainsi que des documents attestant de son parcours dans le domaine de la charpenterie, mais c’est l’entreprise qui se charge de l’ensemble des procédures. Jérémy n’a qu’à se rendre à l’ambassade pour finaliser la démarche.

Il arrive en juillet 2019 avec pour objectif de se former à l’assemblage de charpentes mais aussi de découvrir les outils d’affûtage japonais. « Ce qui m’animait c’était de comprendre les forces qui fondent la maison japonaise ».

Un contenu de missions décevant au final…

Quelle réalité pour ce visa culturel au final ? Jérémy se rend compte au fil des mois que les tâches confiées ne correspondent pas à ce qui avait été convenu… Il réalise du béton, travaille le métal mais pas réellement la charpenterie. Au bout de six mois considérant qu’il est pris pour un « larbin » il se résout à dénoncer son visa auprès du service du travail, et rejoint ensuite à l’autre bout du Japon, l’équipe de Tiny house Japan pour les six mois restants. La crise covid se dessine alors à l’horizon…

Jérémy avec son ami Tagami Haruhiko, de Tiny house Japan avec lequel il a effectué la dernière partie de son visa culturel.
Ici devant la première tiny house réalisée par Tagami.

« On m’a reproché de ne pas avoir été assez patient mais selon moi le contrat de départ n’a tout simplement pas été respecté, au-delà des différences culturelles peut-être dont on parle en termes d’environnement de travail entre le Japon et la France, je me suis senti exploité » indique Jérémy.

Selon moi le contrat de travail n’a pas été respecté

Aujourd’hui le charpentier garde un souvenir mitigé de cette expérience mais souhaite pourtant retourner au Japon dès que possible continuer à explorer l’archipel… Gros coup de coeur dit-il pour l’île de Yakushima ou le matsuri de Inuyama.

Un conseil pour celles et ceux qui souhaiteraient partir au Japon dans le cadre d’un visa culturel ? « Il faut bien vérifier avant conclusion du visa avec l’organisme d’accueil, le programme des missions confiées. Il faut le connaître en amont et faire en sorte qu’il soit respecté ».

D’autres retours d’expérience suivront sur les différents types de visas dont il est possible de bénéficier pour se rendre et vivre au Japon.

Ce portrait vous a plus ? Vous avez vous aussi bénéficié d’un visa culturel au Japon ? Partagez votre expérience en commentaires 🙂

Découvrez ici la page facebook de Jérémy, constructeur de maisons et structures en bois

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2 commentaire

  1. Merci pr cet article informatif.

    1. Merci de ta lecture Cherazade, à bientôt ^^

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